L'appartement 22

0 EXPEDITIONS | رحلات

1 ACTUALITÉS | EVENTS | مستجدات

2 EXPOSITIONS | معارض

3 PRODUCTION | Collection | أعمال

4 ARCHIVE & BIOGRAPHIES l وثائق

5 RESIDENCES | إقامات

6 PERFORMANCES / INTERVENTIONS عروض ومداخلات

7 TEXTES | Debats | نصوص | chroniques | قراءات وحوارات

8 LINKS | Thanks | شكرآ

 

Inscription à la Newsletter

L’appartement 22,
279 avenue Mohamed V,
MA-10000 Rabat,
T +212663598288,
Exposition | "JF_JH individualités" avec Safaa Erruas et Younès Rahmoun

jeudi 10 octobre 2002

[English] [français]

ABDELLAH KARROUM présente JF_ JH individualités avec Safaa Erruas Younès Rahmoun Du 10 octobre au 27 novembre 2002

JF_ JH individualités avec Safaa Erruas Younès Rahmoun
Du 10 octobre au 27 novembre 2002

L’exposition JF_ JH (individualités) réunit les œuvres de deux jeunes artistes marocains. Les œuvres de Safaa Errouas et Younès Rahmoun investissent l’espace de ce lieu privé (appartement) jusqu’au 27 novembre 2002. L’appartement est un espace intime et minimal à la fois, il s’appréhende par les créateurs qui y sont en résidence pour se l’approprier le temps d’une expédition et d’une exposition. Plusieurs projets d’exposition ont déjà fait l’objet d’expéditions de recherche dans des territoires éloignés de ceux de l’industrie culturelle et des champs formatés de l’art contemporain. L’appartement sera destiné à des projets interdisciplinaires (arts plastiques, danse, poésie, vidéo...) et sera ouvert gratuitement à tous.

Les conversations tenues entre les artistes et moi-même pour la préparation de la première exposition dans l’appartement à Rabat étaient comme une préparation de scénario ; nous avons imaginé comment fabriquer des situations visuelles à partir d’idées conceptuelles ? comment opérer un montage qui fera rencontrer des éléments divers dans un même espace... Comment montrer les œuvres et créer un dispositif qui invite le public à participer au-delà des propositions d’images, à une esthétique des passages ? Du point de vue de l’histoire, JF_JH est comme un film qui est entrain de se faire, de se tramer par plusieurs histoires, celles de chaque individu participant et les histoires de nos invités, ainsi que celles de ceux qui guettent nos mouvements... Nous voulions changer des séquences, refaire des plans mais les premières images persistent... Toutes ces rencontres ne seraient pas possibles sans l’affirmation des projets individuels et du désir d’épanouissement des utopies intimes dans le monde extérieur.

Le titre générique JF_ JH (individualités) affirme notre point de vue en mettant l’accent sur le caractère original des œuvres présentées et de la situation de l’exposition elle-même. Individualités pour affirmer le « je » et l’idée selon laquelle chacun prend des risques à la première personne, ce sont des projets d’une artiste et d’un artiste invités dans un espace privé à partager... L’individu est au premier plan des responsabilités assumées quant à l’invitation d’un couple d’ « étrangers » dans un espace privé loin des regards de la communauté d’une part, et quant la gestion de cette espace par chacun des artistes d’autre part. De cette situation naissent les œuvres... Les correspondances entre le lieu d’exposition et chacun des intervenants sont évidentes : le lieu est traqué, attaqué, transformé et vécu comme un chantier qui ouvrirait le chemin de nouveaux territoires pour les rencontres possibles entre le privé et le public, entre l’intime, l’image qui s’y construit et sa traduction dans l’espace communicatif.

Dans les pays dits émergeants les formes de l’art ont dépassé les conventions des langages. Les artistes adoptent de plus en plus des modes d’exposition impliqués et basés sur l’échange et la participation du sujet-regardeur. Younès Rahmoun et Safaa Errouas font partie de cette jeune génération d’artistes impliqués dans une conscience du rôle de l’art dans le développement de la personne et de la société. Les deux artistes ont comme point commun de s’interdire la représentation du monde par des images, mais au-delà de représentation ils pratiquent la présentation et la re-présentation, avec une conscience aiguë et une insistance certes. Malgré l’absence d’artifices dans ces œuvres, la dimension symbolique est évidente de par l’impact des objets sur la mémoire de celui qui regarde !

Dans une recherche de « formes universelles » Younès Rahmoun proposerait de dépasser les contextes (les références conventionnelles) pour une existence « avec » les autres. Les formes à trouver permettraient les conversations avec d’autres artistes ou simplement avec le public. L’œuvre intitulée « Cafane » que Younès Rahmoun présente dans l’exposition JF_JH est une pièce allégorique qui rend hommage à la force de résistance des enfants opprimés (victimes de guerres, de traces de guerres, de famine...) est une pièce aux proportions d’un corps d’enfant, elle fait partie d’une série de travaux impliqués par un regard critique sur le monde. « Cafane » est aussi un travail de deuil dans le sens où l’expression par le langage de l’art est aussi l’extériorisation de la violence au moyen du véhicule sensible que sont les formes de l’art. L’artiste nous place devant une installation violente et lumineuse à la fois, une image liée à l’actualité monstrueuse du monde et au rêve d’une leçon d’humanisme que pourrait porter le projet de l’artiste.

Avec cette même conscience Safaa Erruas interroge les univers d’activités intimes, de la pensée et du rêve matérialisé... En mettant les objets en danger, elle interroge le rapport des autres aux objets, notamment les femmes dont ce sont des outils élémentaires de survie. L’artiste crée ainsi une ambiguïté de jugement . L’œuvre de Safaa fait transparaître une activité féminine certaine, elle revendique un caractère fragile avec des images intouchables et insupportables de violence. Il y a chez Safaa Errouas une obsession qui se traduit dans « ... l’idée de vouloir révéler la dimension immatérielle des matériaux. » Tout se tient dans une grande légèreté, situation fragile d’éléments opposés ; des lames de rasoirs sont entourées de fines bandes médicales et sont suspendues à des épingles pointées sur les murs de « la chambre » (salle d’exposition). Une belle situation née d’une activité à risque ! la répétition du geste de bandage fait oublier le danger des matériaux ; Il arrive donc à l’artiste de se blesser dans son activité ! Elle reprend conscience du danger de cette situation de routine. Si des situations de routine doivent exister, ceux qui les créent et les maintiennent doivent les justifier en permanence. Safaa revient dans sa conscience dans le guet des éléments qu’elle manipule et en interdit le toucher...

L’esthétique des passages déplace l’art de la place de sa communication, vers le partage de ses désirs. Les pratiques proposées sont comme des traversées des corps et des pensées, des corps pensés ou non pensés. les artistes proposent des passages à travers les dispositifs d’objets et d’images, de passer inévitablement par l’expérience du corps, des corps et des passages par la pensée, la notre et celle de l’autre...L’esthétique des passages ne propose pas de recettes, mais des dispositifs de rencontres d’éléments divers, entres humains, images et environnements, des situations génératrices de visions poétiques et d’états d’être au monde, devenir œuvre, éprouver l’épreuve, les preuves à présenter... pour vivre.

A. K.

« le travail, tout le travail est à faire dans les espaces vides, entre les ondes d’autres ondes, celles qui peut-être pourraient faire appel à tous les sens... » A.K. (carnet n°3, 2002)

exposition du 10 octobre au 27 novembre 2002 au 279 boulevard Mohamed 5 à Rabat (appartement 22) visites uniquement sur rendez-vous au +212 63 598 288 ou mail : appartement22@free.fr

Safaa Erruas, "Brisa", installation à L'appartement 22.