L'appartement 22

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L’appartement 22,
279 avenue Mohamed V,
MA-10000 Rabat,
T +212663598288,
Un récit perpétuel pour Al Araba Al Madfuna de Wael Shawky
lecture critique

Essai critique par Abdellah Karroum
Saturday 16 December 2017

ُTout a commencé par une discussion entre amis, autour d’un café, puis un voyage initiatique entrepris vers le sud d’Alexandrie, en passant par le Caire, vers Assouan en Haute-Égypte. Ce voyage de Wael Shawky avec son ami Mahmoud a eu lieu en 2004, l’artiste avait déjà obtenu ses diplômes des écoles d’art simultanément à l’Université d’Alexandrie et à l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. À cette époque, sa recherche formelle se matérialise dans de nouveaux projets et son langage artistique devenait plus précis et architecturé. En regardant rétrospectivement son archive de cette période, on découvre des images diapositives de la construction qui a englobé l’intégralité de son atelier en Alexandrie. Bien que ces oeuvres ont été malheureusement détruites, le processus de créer des espaces construits à partir de storyboards visionnaires demeure une partie importante de sa pratique de l’exposition. Shawky est un artiste qui adopte l’espace d’exposition dans un geste qui donne et partage des fragments d’un monde qui est impossible à traduire dans des formes physiques régulées, notamment parce que l’usage qu’il fait des matériaux touche à l’espace entre le réel et le métaphysique.

Le concept de l’exposition Al Araba Al Madfuna à Turin en 2016 [1] est construit sur le récit de cette expérience, le dialogue curatorial révèle le parcours visuel fidèle aux oeuvres, nous avons décidé avec Wael Shawky de convier le visiteur à marcher au travers d’éléments des films et de leurs processus de production - des artefacts architecturaux, des sculptures, et des dessins - disposés à l’intérieur d’un paysage construit de sable, un paysage faisant référence à l’expérience de l’artiste en Haute-Égypte. Le visiteur se déplace dans une temporalité inversée, découvrant le dernier film dans la premières salles d’exposition, Al Araba Al Madfuna III en couleurs, suivi par des éléments scénographiques, paysage de sable et pierres de granit égyptien, extraits du storyboard, ensuite des sculptures objets inspirés des lieux de production, le palmier, le pigeonnier, mis dans l’espace comme des dessins fragmentés. Enfin les films plus anciens de Shawky en noir et blanc, Al Araba Al Madfuna II apparaît derrière une dunes de sable, puis dans la dernière salle, en bas d’un escalier, Al Araba Al Madfuna I. Ce film est accessible seulement après avoir descendu vingt mètres de marches à un angle de quarante-cinq degrés, comme si l’on entrait dans un mastaba installé dans les galeries souterraines du musée. Ce chemin fait référence à une approche conceptuelle d’itinéraire inverse, de la surface au souterrain, de l’évident au mystérieux. Le récit inversé est inspiré par le processus inverse et humain-trop humain de creuser ce qui est enfoui dans l’espoir de découvrir des trésors anciens ou nos propres souvenirs.

Le protocole de projection du film Al Araba Al Madfuna III est souvent conçu comme une installation, mettant l’accent sur la relation fondamentale entre le lieu de production de l’œuvre d’art et le lieu de sa présentation: un paysage de sable et de pierres est créé dans l’espace d’exposition afin de recréer le “temple” architectural abritant l’histoire reconstituée. Le spectateur est confronté dans ce dernier film, le plus complexe de la série, à un montage technique et à un vocabulaire visuel conceptuels. L’échelle de la projection rend les personnages -des figures humaines- plus grands que nature, et l’inversion de l’image crée une perte de repères. Al Araba Al Madfuna poursuit l’intérêt de Shawky dans l’utilisation d’écrits existants, et d’histoires qui font partie de notre culture, en tant que points de départ afin d’explorer la production de récits historiques ainsi que leurs effets de plus grande portée, lisant les histoires et mythes officiels au travers de leur confrontation et mise en présence les uns face aux autres.

Dans le film Telematch Sadat (2007), l’artiste a interprété le récit de l’assassinat de l’ancien président égyptien Anouar el-Sadate lors d’une parade militaire en 1981. L’artiste a aussi utilisé la récitation d’une sourate du Coran (Al Kahf), dans le film The Cave (2004), racontant l’histoire des “compagnons de la caverne”, qui parle d’un groupe d’enfants qui sont forcés de se retirer du monde et de rester dans une caverne pendant plus de trois cents ans. Shawky récite la Sourate d’un ton neutre, en marchant dans un supermarché d’Istanbul; un déplacement qui accentue la relativité temporelle et l’incertitude contenu dans le texte-même de cette sourate du Coran qui ne révèle pas le nombre exact des gens de la caverne et de “leur chien”; ce texte renvoi de manière symbolique déplacement de populations aujourd’hui opprimées et forcées à l’exil ou à l’exclusion au sein de leur propre civilisation.

(Le texte intégral sera publié prochainement. à suivre...) [2]

Wael Shawky, Al Araba Al Madfuna. Courtesy de l'artiste. Wael Shawky, Al Araba Al Madfuna III, 2015-16, film HD-4K, 25', Courtesy de (...)