Cette série de projections met en vedette une sélection de films et de vidéos d’art créés par six artistes différents.

Programme :

- Soukaina Joual, How to Remove Writing From Bills Using Nail Polish Remover, 2019, Video/performance

« Avec mes meilleures salutations, pour la mémoire éternelle, félicitations, je t’aime... », sont quelques-unes des phrases que l’on retrouve quotidiennement sur les billets de banque égyptiens. Beaucoup les utilisent pour enregistrer des moments importants pour eux, tels qu’un anniversaire ou un souvenir pour une personne. Les amoureux les utilisent également pour écrire des phrases d’amour en guise de souvenir. Cette forme d’expression a évolué avec la précarité politique égyptienne pour devenir un moyen de manifester la résilience et la solidarité. Cependant, tout cela est devenu un obstacle depuis mars 2019, après que la Banque centrale égyptienne a interdit la circulation de tout billet de banque portant des phrases textuelles ou des sceaux. Ces billets ne seront plus acceptés dans les banques.

« How to Remove Writings From Bills Using Nail Polish Remover » est une vidéo-performance de l’artiste qui représente un simple processus répétitif de nettoyage des billets. Chacun d’entre eux devient lentement endommagé, déchiqueté et perd sa fonction ou sa valeur. La performance contemple les notions de disparition, de transmutation et de retour à l’état d’origine.

- Sadik Kwaish Alfraji, A City, 2020.
Film d’animation

Le film "A City" (Une ville) a été réalisé par l’artiste irakien Sadik Kwaish Alfraji, à la suite de sa résidence de recherche à L’appartement 22 entre 2018 et 2019. L’œuvre s’inscrit dans la continuité de la démarche artistique de l’auteur, qui utilise différents médiums tels que le dessin, la peinture et le cinéma d’animation, afin d’explorer les notions de mémoire et de nostalgie, souvent en lien avec son expérience passée.

Les œuvres de Sadik expriment une profonde réflexion sur l’existence humaine, caractérisées par des personnages sombres et ténébreux exprimant la fragilité de l’être humain et la complexité de la vie.

"A City" propose une vision poétique et mélancolique de la ville, empreinte d’une atmosphère ténébreuse à la fois nostalgique et intemporelle, invitant le spectateur à réfléchir sur la condition humaine et la place de l’individu dans le monde.

- Nassim Azarzar, Séquences de démarrage, 2022.
Film expérimental

Dans la continuité de sa recherche artistique portant sur l’imagerie et les imaginaires populaires, Nassim Azarzar présente "Séquences de démarrage". Cette œuvre est constituée d’un assemblage de découpes de papier coloré qui, selon l’artiste, évoquent subtilement les peintures et les décorations que l’on peut observer sur les camions de transport de marchandises circulant sur les routes marocaines.

Ces formes découpées sont disposées sur une plateforme vinyle, l’expérience visuelle et sonore prend vie lorsque le tourne-disque est mis en mouvement, donnant naissance à des compositions et des formes en constante évolution. La bande sonore du film amène le spectateur à une réalité contrainte par la mécanique du tourne disque.

Le film engendre un univers visuel abstrait évoquant des paysages et des territoires traversés. Il nous plonge dans une temporalité hors du temps, un univers immersif et poétique où la frontière entre abstraction et réalité est astucieusement brouillée.

- Younes Rahmoun, Wahid, 2003.
Video/performance

La performance "Wahid" met en scène uniquement les mains de l’artiste Younes Rahmoun qui sont clairement éclairées et émergent de sa djellaba noire, la capuche couvrant sa tête et son visage. Installé en position de méditation sur un carré de tissu noir placé sur le sol, face à La Mecque, Rahmoun a répété le mot "wahid" 99 fois en 99 secondes d’une voix calme et régulière. Seuls ses doigts se sont mouvés, marquant chaque mot à la cadence d’un par seconde. Cette performance minimaliste et poétique invite à la contemplation et à la méditation sur la répétition et l’unicité de chaque instant.

- Pedro Gomez-Egana, Birds, 2009.

Les lumières rectangulaires de projections vidéo se déplacent à travers la surface des murs à l’intérieur d’un entrepôt vide, tandis que la suite Les Planètes Op. 32 de Gustav Holst est diffusée à travers des haut-parleurs dans l’espace. La vidéo résultante, basée sur la performance, montre les projections telles qu’elles ont été capturées par une caméra fixée à des chariots sur mesure. Parfois, le mouvement constant est à peine perceptible, à d’autres moments, la lumière projetée révèle des parties de l’entrepôt, comme des coins, des briques ou des équipements abandonnés. À un moment donné, la lumière projetée révèle également l’artiste assis sur une chaise jouant d’une guimbarde. Un texte projeté raconte une série d’anecdotes, des histoires de personnes qui se perdent ou s’endorment et sont incapables de se réveiller. Des dessins de voitures illustrent les histoires.

- Karim Rafi, Ishkawen, 2022.
« Deux Cornes Soufflant à polir l’horizon des événements »

"Ishkawen" est un film réalisé lors de l’expédition "Le Bout Du Monde #22". Tourné en un seul plan séquence, il capture la beauté brute et sauvage du paysage du plateau de l’Oriental, où deux cornes soufflent à polir l’horizon des événements. Au cours de cette séquence, le musicien joue le même son à plusieurs reprises jusqu’à l’épuisement, fusionnant ainsi avec les éléments naturels, le vent et les collines environnantes.